« Te retourne pas, ou il y aura un accident de chasse ». L’agression, dont dit avoir été victime un photographe amateur berckois dimanche matin à Fort-Mahon, est digne d’un film hollywoodien. Il était en embuscade en baie d’Authie pour immortaliser des oiseaux, quand des chasseurs lui auraient pointé un fusil dans le dos...
Le photographe était parti à la chasse aux aigrettes
On est dimanche matin. Comme souvent, Jacques*, un photographe amateur berckois de 72 ans, enfile sa tenue de « chasseur de photos », sort ses plus gros objectifs, et choisit son « spot ». Cette fois, ce sera la baie d’Authie, côté Fort-Mahon, pour immortaliser des aigrettes. C’est la « première fois » qu’il teste ce lieu-dit « du fer à cheval ».
Le Berckois se cache, « à genou dans une espèce de ruisseau », prêt à mitrailler sa proie, l’œil collé à son téléobjectif. C’est à ce moment-là, vers dix heures, qu’il dit avoir été agressé par des chasseurs. « J’ai senti quelque chose dans le dos. C’était un fusil ! Une personne m’a dit Te retourne pas ou il y aura un accident de chasse, et un autre On t’avait prévenu. »
« C’était hyper rapide »
Le photographe ne bronche pas, pendant que les chasseurs – « peut-être deux, voire trois personnes, je ne les ai pas vues » – lui donnent des ordres tout en lui tapant le haut de la tête « du plat de la main ». Ils lui auraient demandé de retirer les cartes mémoire et les batteries – « Ils disaient qu’il y avait peut-être un GPS dedans » –, avant de s’attaquer au matériel. L’un des agresseurs aurait alors donné un coup de botte dans un premier appareil photo, avant de jeter l’autre dans la boue. « C’était hyper rapide ! Après, ils m’ont dit Tu comptes jusqu’à 100 et tu te casses. »
« Plus de 8 000 euros de matériel »
Le Berckois raconte être resté un quart d’heure sur place, le temps de retrouver ses esprits. Sur le chemin de retour, il croise des chasseurs, qu’il insulte copieusement. « Je croyais que c’était eux qui m’avaient agressé. » Une discussion s’engage et le président de l’association de chasse sur le domaine maritime de la baie d’Authie sud, Éric Kraemer, est appelé à la rescousse (lire ci-dessous). Il invite le photographe à déposer plainte. Ce qu’il fait dans la foulée, accompagné d’un policier municipal. « J’ai l’impression que ce n’était pas moi qui était visé, mais quelqu’un d’autre. On aurait dit une opération de représailles contre une personne », pense-t-il. En attendant, il compte les dégâts : « plus de 8 000 euros de matériel ».
Une enquête a été ouverte par la gendarmerie de Rue, dans la Somme.
* Prénom d’emprunt, le photographe ayant préféré garder l’anonymat vu la gravité des faits.
Le président de l’association de chasse locale est «dubitatif»
Éric Kraemer, le président de l’association de chasse locale, se dit « dubitatif » quant à la version du photographe amateur. Il affirme avoir mené son enquête dimanche. « J’ai pris mon 4x4 et je n’ai vu personne, en dehors de ce monsieur et des occupants des trois huttes. » Qui auraient tous aperçu le photographe, mais « personne d’autre. Je présume que s’il avait été agressé, ils auraient vu les agresseurs. »
Comment expliquer le fusil dans le dos ? « Je mets au défi n’importe qui de savoir dans ces cas-là si c’est un fusil, un bâton, ou deux doigts. Et le premier réflexe, c’est quand même de se retourner avant que l’agresseur finisse sa phrase ! Là il dit ne pas avoir vu ses agresseurs ! »
Quant aux relations entre chasseurs et promeneurs ? « Elles sont excellentes Monsieur ! On côtoie des gens de Picardie Nature et d’autres associations. Les chasseurs ne sont pas des cow-boys ! »
voici le lien: http://www.lavoixdunord.fr/region/un-photographe-agresse-en-baie-d-authie-j-ai-ia36b49106n2472602
là, je suis comme le président, je suis dubitatif à suivre